J’ai testé pour vous une formation d’assistant réalisateur

« Devenir assistante à la réalisation, un rêve de gosse ! » et bien non, pas tout à fait.

Pour tout vous dire, durant l’année du Bac, mon Deug d’histoire de l’art et au terme de mon Master en communication, je n’avais toujours pas choisi ce que je ferai quand je serai grande.
interrogationJ’ai passé sept années en activité dans le monde du spectacle et de la culture : production audiovisuelle, diffusion de spectacles vivants, production musicale et management d’artistes… pour l’essentiel.
En région ou sur Paris, j’intégrais de toutes petites structures dans lesquelles j’avais pour mission de m’installer « au four et au moulin » et d’y être efficace en un temps record. En résumé, du très formateur, du tout terrain et du gentiment casse-gueule !

Lorsque je me suis sérieusement sentie en danger, j’ai tenté un tournant radical. J’ai quitté l’univers des artistes pour celui du web.
Pendant deux ans, j’ai lutté plus que jamais et me suis sérieusement remise en question.

J’en suis venue à la conclusion suivante : le microcosme de l’entreprise n’est pas adapté à mon fonctionnement (à moins que ce soit l’inverse).

Bien qu’hétéroclite, mon parcours professionnel est mû par une volonté cohérente : travailler au service des oeuvres. J’ai donc engrangé une quantité non négligeable de compétences mais la somme de ces dernières ne définit pas UN métier. J’ai donc mis le tout dans un shaker, j’ai secoué-secoué et en ai ressorti l’envie de devenir ASSISTANTE RÉALISATEUR.
j-howard-millerCette introduction qui retrace mon parcours n’est pas fictionnelle… Cependant elle reste incomplète. Je passe ici sous silence mes activités extra professionnelles, les années de pratiques théâtrales, les tournages de courts-métrages en tant que première ou chargée de production bénévole… En bref, les à-côtés qui m’ont aidé à choisir ma nouvelle voie.

Pourquoi me suis-je dirigée vers une formation ?

Peut-être le savez-vous ? Lorsqu’on a passé 30 ans et qu’on a un passif professionnel au goût un peu amer, une des étapes cruciales pour aborder son nouveau projet est de (re)trouver confiance, The Fire, The Spirit, diraient nos cousins étasuniens.
En bref, la confiance en soi, la confiance en ses compétences, la confiance en son choix… Pour m’y aider et donner un petit coup de boost à mon objectif, j’ai choisi l’option de la formation professionnelle.

Comment choisir le centre de formation ?

choixDans mon cas, le choix de l’organisme de formation a été assez simple. Après avoir fait le bilan de ma situation, j’ai listé des critères de sélection : intérêt du programme pédagogique, durée et période de la formation, reconnaissance et titre du diplôme, localisation du centre de formation, possibilités de financement et enfin, compatibilité avec mes indemnités Pôle Emploi. Ensuite, il faut mener son enquête… Contacter et visiter l’organisme de formation, sonder votre entourage professionnel pour connaître leurs impressions sur le lieu et les équipes administratives, pédagogiques…

Où ai-je trouvé l’argent ?

euros« Ce n’est pas tout d’en avoir l’envie, encore faut-il en avoir les moyens » (Ma mère, hiver 2015).
Dans mon cas, chômeuse depuis peu ayant quittée l’intermittence deux ans auparavant, la seule option pour m’aider à financer mon projet était de faire appel à l’AFDAS.

AFDAS : Fond d’assurance formation des secteurs de la culture, de la communication et des loisirs

À Paris, leurs locaux sont accueillants et lumineux, leur fonctionnement en peu moins… mais je vous rassure, on s’en sort. Les points essentiels que j’ai retenus :

1 > Vous êtes ou avez été intermittent(e), vous devez absolument vous renseigner sur le nombre de crédits auxquels vous avez droit et jusqu’à quand vous pouvez les utiliser.

2 > « Premier arrivé, premier servi ». Si vous faites une demande de financement en fin d’année, vous risquez de secouer une tirelire vide. Notez bien qu’il y a un délai à respecter entre le dépôt de votre demande et le début de votre session de formation.

3 > Lisez, relisez, re-relisez les conditions d’attribution d’aide au financement qui sont très variables selon la situation de chacun.

4 > Soyez déterminé(e), patient(e) et souriant(e) ! :)

5 > On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise !

En décembre 2014, durant une première et courte période de chômage, je fais une demande de financement pour une formation de sept semaines au métier d’assistant à la réalisation. La réponse : « REFUSÉE ». « En Décembre, Madame, les caisses sont vides »… Propos recueillis auprès de la gentille personne en charge de mon dossier à l’époque.

Décembre 2015, nouvelle période de chômage, nouvelle demande, j’ai compris la leçon et j’attends janvier pour déposer mon dossier… La réponse : « REFUSÉE ». « Vous n’êtes plus intermittente depuis plus de 2 ans »… Une autre gentille personne en charge de mon dossier. Alors j’insiste ! … « Cela va prendre un peu de temps mais on peut remonter sur cinq ans pour réouvrir vos droits. En revanche, la formation que vous souhaitez intégrer est trop courte, vous devez faire une demande de CIF (Congé individuel de formation), une formation longue »… Toujours la même gentille personne. Banco !!

yesMe voilà donc avec un financement d’environ 7000 euros pour une formation qui en coûte approximativement 15000… Soit le double de ma demande de 2014 !
C’est parti pour intégrer le CEFPF (Centre Européen de Formation à la Production de Films) en avril 2015. En détail, deux mois et demi de formation au métier de régisseur général puis deux autres en mise en scène puis des stages conventionnés.
Il ne vous aura pas échappé qu’il manque environs 8000 euros pour faire le compte. Et bien dans le cadre d’un CIF, c’est la Région qui met la main au porte monnaie. De mon côté aucune démarche à entreprendre, c’est le centre de formation qui s’en charge !

Et le contenu pédagogique dans tout ça ?!

Le CIFAP à Montreuil (93) et le CEFPF à Paris (20e) sont les deux principaux organismes de formations d’Île de France qui proposent des reconversions CIF pour les professionnels de la culture, de l’audiovisuel et du web. Je ne vous parlerai que du CEFPF en me concentrant sur la partie mise en scène de ma formation.
Ici, chaque formation est encadrée par un professionnel expérimenté. Il est le garant du programme et choisit les intervenants qui viendront entre une demi journée et deux jours pour nous présenter leurs métiers et leurs rapports avec les membres de l’équipe mise en scène. Pour la formation d’assistant à la réalisation, c’est Monsieur Gilles Sionnet qui a eu l’honneur de prendre la direction de mon petit groupe de sept apprenants. Dans une ambiance aussi studieuse que badine, Gilles avait pour mission de nous préparer à l’examen final.

progresserPour faire nos armes, quoi de mieux qu’un cas pratique ? Nous voici donc avec un scénario de long métrage en main, parés pour une première lecture. Après s’être exercé à rédiger un pitch, s’ensuit, pour la première fois, l’ouverture de Movie Magic Scheduling. Nous plongeons dans le vif du sujet.
Durant sept semaines, nous allons passer au crible chaque étape de préparation d’un tournage, tout en apprenant les fonctionnalités du logiciel. Un intervenant passera quelques heures pour nous faire une présentation comparative de Movie Magic. Dépouillement complet, extractions et synthèses de listes sous toutes leurs formes (décors, rôles, cascades, figuration, accessoires, véhicules… ) et plan de travail. Nous nous exercerons évidemment au découpage des séquences, à l’évaluation du temps d’installation et des temps de tournage. Nous apprendrons quand, comment et par qui est remplie la feuille service, j’en passe, j’en passe ! En bref, nous mettons les mains dans le cambouis, nous jouerons au casse tête !

Tout ça est bien intéressant mais pas suffisant pour appréhender le métier d’assistant dans sa globalité. Voici alors en scène les intervenants castés par M. Sionnet himself (de l’intérêt d’avoir un formateur avec un bon carnet d’adresse). Un producteur, un réalisateur, des chefs de postes (il y passent tous !), une chargé de casting et autre dresseur animalier ou cascadeur qui nous parlent de leur métiers, de leur rapport avec l’équipe mise en scène, de la grammaire du cinéma et de législation… A propos de ce dernier point, je suis heureuse d’avoir cumulé deux formations en une (régie + assistanat) et d’avoir passé plus de temps que mes camarades de la formation mise en scène sur la convention collective qui n’est pas un mince affaire.

Vous conviendrez sans doute que pour une formation aussi complète, sept semaines, c’est presque trop court. Il faut suivre le rythme et naturellement, ce n’est pas évident pour tous. Là aussi, je me permets un comparatif avec la formation de régisseur général. Bien que très riche, nous passions plus de temps avec les intervenants extérieurs. Chaque rencontre était donc aussi l’occasion de partager des anecdotes et des réflexions sur leur métier et sur l’industrie du cinéma.

Quel accompagnement par le centre de formation ?

C’est un fait, les équipes du CEFPF sont charmantes, investies ET surchargées de travail. J’ai trouvé un accueil chaleureux et un accompagnement personnalisé, depuis mon arrivée au centre jusqu’à aujourd’hui au terme de mon stage conventionné. Néanmoins, le personnel est trop peu nombreux. Pas toujours facile donc de récupérer des informations basiques telles que le planning de la semaine – d’autant qu’il peut varier selon les disponibilités des intervenants – ou les résultats obtenus aux examens.
Malgré ce point négatif, j’ai noté que l’équipe d’administration et de pédagogie faisait preuve d’exigence quant à notre présence et notre attitude (qui font d’ailleurs l’objet d’une note) tout en prenant en compte nos contraintes professionnelles ou personnelles. Alors oui, vous retournez à l’école sans pour autant vous sentir comme en primaire !

« L’enfer, c’est les autres… » apprenants… !? Tous dans le même bateau.

fatigueReste que faire le choix d’une formation longue comporte quelques aspects que vous n’aurez pas forcément anticipés. Tout d’abord, sachez que le fait de passer des semaines de 35h assis(es) sur une chaise à écouter des intervenants, en prenant des notes et entouré d’un petit groupe de camarades, c’est épuisant !

Outre le rythme et le manque d’exercice physique, il va falloir vous intégrer dans un groupe d’apprenants. Des individus aux parcours, âges et expériences variés, avec leurs sensibilités, leurs connaissances, leurs cultures, leurs craintes et leur stress qui se mêlent à votre sensibilité, vos connaissances, votre culture… Je vous le dis ! La future assistante à la réalisation que je suis a autant appris en suivant les cours dispensés par les intervenants qu’en interagissant avec tout ce petit monde. De quoi bien vous préparer à la vie en tournage.
Quoi qu’il en soit, cette classe sera peut être votre premier réseau dans le nouveau métier auquel vous vous destinez. Bien évidemment, les affinités ne sont pas toujours naturelles et n’ont pas vocation à être forcées. Mais faire un effort d’intégration pour ceux qui seraient peut être plus réservés ou indépendants me semble être la bonne attitude.
Pour ma part, j’ai gardé de bons contacts avec un certain nombre de mes camarades et trois mois après la formation, certains d’entre nous ont déjà eu l’opportunité de travailler ensemble et de se donner de bons tuyaux.

Conclusion ?

Je ne pouvais pas témoigner de mon expérience sans vous dévoiler mes questionnements personnels. Nous avons tous des parcours et des projets singuliers, aussi les choix et les solutions pour atteindre nos objectifs sont variés. Quand on décide de suivre une formation professionnelle, à fortiori un CIF dans le cadre d’une reconversion, il faut bien comprendre que ce n’est qu’une étape, sans doute un accélérateur, pour atteindre son but.

Vous êtes alors une flèche visant une cible et de nombreux paramètres vont troubler, voir tenter de dévier votre trajectoire. L’après formation est un moment crucial. Dans mon cas, les liens tissés avec mes co-apprenant(e)s, mais aussi les rencontres avec les professionnels qui ont partagé avec nous leurs savoirs, à quoi s’ajoute le soutien de l’équipe du CEFPF sont autant de relations humaines que j’ai eu à coeur de nourrir. Il est alors bon de se laisser guider par nos intuitions, se laisser surprendre par des rencontres, ne pas toujours tout calculer.

Enfin, il me semble qu’on ne devient pas assistant réalisateur si on n’est pas animé par un minimum de passion.

P.S. : N’insistez pas, je n’aborderai pas la question du Pôle Emploi… toute relation avec le Pôle nécessiterait presque un article dédié. Chaque question en rapport avec ce dernier nécessite l’élaboration d’une réponse personnalisée.

Allez, un petit tuyau tout de même (qui était d’ailleurs inutile dans mon cas) : un intermittent peut valoriser ses heures de formation en heures de travail comptant pour le calcul de ses droits.

Perle Tharinger

3ème Assistante Mise en scène "en devenir"

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4 réponses

  1. Dahirel Thomas dit :

    Merci beaucoup pour cet article et la qualité de ton témoignage !

    C’est grâce à toi que j’ai franchi le cap et me suis inscris dans cette même formation au CEFPF pour entamer une reconversion après 4 ans en production de documentaire !

    Excellente continuation à toi !
    Thomas Dahirel

  2. Tibwa Nzapa dit :

    Article très intéressant, Perle. J’ai quant à moi suivi l’année dernière la formation administrateur de production au CIFAP, qui était intéressante, complète et nous permettait de passer 4 jours avec un directeur de production :-) J’avais suivi cette formation afin d’être plus compétente comme assistante de prod. Et après 9 ans dans cette branche…j’ai pris un autre chemin et suis revenue cette année à mes premiers amours : l’écriture :D Je suis Script Editor et Assistante Scénariste désormais.
    Comme disait Béjart :  » On finit toujours par faire ce qu’on a été au début de notre vie. » Bonne continuation à toi!

  3. Angèle dit :

    Très bon article Perle. Suite à la réunion Ara, tu m’avais déjà fortement motivé à faire cette formation de dir de prod mais maintenant je suis plus que convaincue :) Merci !! Et bravo pour ton parcours ;)

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