Kiffe ton ingénieur du son

Ingénieur du son !? Un poste discret et mystérieux. Mais qui est-il (elle) vraiment ?

Aussi appelé chef opérateur du son et accompagné le plus souvent par un perchman ou une perchwoman, il a la responsabilité d’enregistrer le son synchrone (directement lié à l’image comme les dialogues), mais aussi les sons seuls et les ambiances du film.

Technique et artistique, la prise de son est, comme l’image, indispensable ! Un art véritable qui est encore largement sous-estimé par les équipes. Voici donc quelques astuces qui vous permettront de peut-être mieux appréhender et respecter le travail de ce département.


En préparation

Ce n’est pas parce qu’on les rencontre rarement en prépa qu’ils ne la suivent pas généralement de près. Pour les y aider, la production, le réalisateur et les assistants réalisateur sont en première ligne.

Au préalable, le réalisateur et l’ingénieur du son se rencontrent. Intentions, enjeux, comédiens et post-production y seront les principales thématiques. Ils prévoiront de se revoir ultérieurement avec plus d’éléments durant la préparation lors d’une réunion possiblement dédiée, avec le 1er assistant. Ce dernier ou son second, si déjà présent, lui transmettra rapidement le dépouillement général. Plus pertinent encore, un dépouillement spécifique au son peut être fait (qui ne se substitue pas à celui que l’ingénieur doit également effectuer).
Et si vous voulez encore faire mieux, remettez-lui une liste des voix-off et surtout des dialogues implicites qui restent à écrire par l’auteur ou le réalisateur. Typiquement, une action au scénario suggérant explicitement une ou des répliques qui ne sont pas littéralement écrites et qui seront pourtant jouées au tournage : « Machin interpelle Bidule » ou « Bidule regarde à distance Machin discuter avec Machine », « Un serveur vient prendre la commande… »… Ce dernier dira au moins « Bonjour » à son client, non ? Un dernier exemple pratique qui d’ailleurs vous aidera à affiner votre classification des rôles, silhouettes parlantes, muettes, etc. Le réalisateur sera également ravi d’en être informé afin d’anticiper au moins d’éventuelles improvisations.

Étape suivante, la lecture technique ! Un moment essentiel de la prépa où tous les chefs de poste se réunissent et lisent le scénario séquence par séquence en posant leurs questions. L’ingénieur du son sensibilisera les autres postes à ses contingences, et réciproquement. Cela lui permettra aussi d’affiner sa liste de matériels pour le directeur de production, en fonction des décors et de certaines actions spécifiques le concernant (appels téléphoniques, actions avec des véhicules, voix-off, scènes musicales, chants, foule…) !

Autre moment clé où l’ingé appréciera une invitation !? La lecture comédiens où les principaux rôles lisent le scénario avec le réalisateur. Celui-ci définira ses intentions et les dialogues y seront ajustés si besoin. Une manière pour cet opérateur aussi ET les comédiens de se rencontrer, de se familiariser, avant le grand saut du tournage. Le scripte et le premier assistant peuvent aussi être présents au passage afin d’y intégrer de nouvelles informations à diffuser à l’équipe.

Capital ! Les repérages techniques des décors nécessitent évidemment la présence du son, afin d’anticiper les problématiques à surmonter lors du tournage. N’écoutez pas certains directeurs de prod et producteurs qui vous diront que ça ne sert à rien car le décor est de toute façon validé et qu’une personne en plus, ça fait un repas de plus… En cas d’indisponibilité de l’ingé son, le perchman viendra et au pire, le 1er assistant réalisateur, le réalisateur parfois, sauront être attentifs aux problématiques potentielles du son.

On n’oubliera pas les essayages costumes que le second assistant réalisateur ou les costumes enverront eux-mêmes au son afin qu’ils puissent anticiper leurs équipements (micros type HF notamment), les nuisances comme les frottements liés aux matières des vêtements, etc.


En tournage

Il n’y a pas que l’image ! Ce n’est pas parce qu’ils sont discrets et peu nombreux qu’ils ne méritent pas, eux aussi, de la considération pour leur travail, ainsi que le soutien de la mise en scène, de la régie et de la production pour en garantir la qualité.

Stop à la répétition tournée, souvent dégueulasse techniquement et vive la répétition sans tourner (au moins une, parfois enregistrée au combo uniquement pour relecture) pour les niveaux d’enregistrements, le rythme de la scène et permettant à la perche de se trouver avec le cadre.

Stop au report des sons seuls en fin de journée ! Cela agacera prodigieusement la remballe et mettra l’équipe son en porte-à-faux. Au contraire, faites-les au fur et à mesure avec les ambiances raccords, à la fin de chaque séquence. Au pire, au début de la pause, toujours en compagnie d’un assistant réal ET du réalisateur si un acteur est impliqué ! Cela lui permettra de reproduire le rythme de la scène encore en mémoire, une action en son seul comme un déplacement, etc. Certains ingénieurs parlent même de « plans sons » pour discipliner les équipes.

Vive la vigilance aux nuisances sonores et aux imprévus, en répétition comme au tournage du plan. Avions, véhicules, travaux, buzz électrique… Un 1er assistant à l’ouïe aiguisée demandera le silence plateau en premier lieu pour identifier la nuisance si besoin, il pourra aussi temporiser un « moteur » et systématiquement demander à ce qu’on coupe les téléphones portables. Un régisseur localisera et interviendra pour neutraliser le bricoleur du dimanche. Un perchman ira changer les piles d’un récepteur HF qui tombe en rade souvent juste avant de tourner (un classique)… En bref, l’équipe et les comédiens devront se montrer compréhensifs. Il n’y a d’ailleurs que l’ingénieur du son pour la technique et le réalisateur pour le montage qui peuvent juger d’une tolérance, ou non, à la nuisance sonore avant ou durant une prise.

Il y a aussi l’anticipation de la coupe muette pour faciliter le montage. Quand le moteur image coupe avant celui du son, justement en cas de nuisance comme le passage d’un avion ou d’une moto sur du texte pendant une prise. Le son comporte un début et une fin !

Évidemment, il faut leur fournir des Jour à jour, faits à partir de la dernière version des textes, et au format de leur choix ! Ou encore prévoir avec le scripte l’identification rigoureuse des claps, sans oublier de les faire en début ou en fin de prise selon la situation avec les machinistes.

Mais ce n’est pas tout… Le respect du silence quand ça tourne, un matériel de qualité loué par la production, un espace technique camion et plateau décent, un troisième assistant réalisateur qui anticipe les équipements sons avec les comédiens, les changements de costumes… Ou encore simplement de vérifier si le plan est bon pour eux avant d’en changer… Une attention souvent portée par l’assistant d’ailleurs.

À contrario, le son doit aussi parfois se mettre en retrait. Quand l’image et la mise en scène par exemple ne peuvent pas « tricher » au tournage ou en post-production comme avec les éphémérides naturelles de courtes durées (aube, crépuscule), les aléas météo, le tournage avec des enfants, les animaux, une nuisance inhérente à un décor qui ne peut être surmontée totalement…


On se rappellera pour finir que le son émane à 360 degrés, contrairement à l’image circonscrite à un cadre, généralement dans un seul axe. Des contraintes différentes qui doivent être appréhendées bilatéralement.

Les ingénieurs du son sont réputés pour intervenir peu, mais toujours judicieusement. « Savoir être chiant, mais pas casse-couille » pour citer un ingénieur du son chevronné, rencontré récemment. 😊


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Merci pour eux et à ceux qui font battre le cœur d’ARA. <3


Crédits photos : Good Morning, Vietnam (Touchstone Pictures) – Asterix (Albert René) – Le chant du loups (Trésor Films / Chi-Fou-Mi) – Babylon (Marc Platt Productions)

Victor Baussonnie

1er assistant réalisateur / Movie Magic Scheduling / PSC1 Tipeee : https://fr.tipeee.com/victor-baussonnie/

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