On a un bébé dans le champ ! Coupez !!

Passé l’émerveillement de la bonne nouvelle, je me souviens l’avoir caché par la suite… J’avais peur des conséquences pour mon travail… – Témoigne une maman d’ARA

Parents ou intermittent. Faut-il choisir ?

Tout a commencé la première année d’ARAssociés… C’était lors d’une table ronde où nous réfléchissions à des idées d’articles pour le site. Une jeune maman propose alors un titre avec une certaine dérision : « Oups, je suis enceinte ! ».

Unanimes, nous nous sommes quittés ensuite en nous disant que nous écrirons un jour sur ce sujet fondamental : « la parentalité » !… Et a fortiori, dans nos métiers !

Un sujet délicat, forcément intime et donc difficile à aborder de manière schématique car chaque parcours est différent. Néanmoins, les principaux domaines, chamboulés par l’arrivée d’un enfant, se dessinent avec une certaine évidence (santé, travail, finances, famille, vie sociale…), tout comme les grandes questions qui en découlent :

> Quid de nos droits et devoirs (couvertures sociales, gestion du statut, congés parentaux…) ?
> Comment concilier notre (future) vie de famille avec les spécificités de nos métiers (disponibilités, garde de l’enfant, imprévus…) ?
> Comment retrouver du travail après un congé maternité dans un secteur où on peut parfois vite être « oubliée » ?
> Quels rapports avec nos employeurs, nos chefs ou encore avec les équipes techniques ? Le regard de l’autre !?L’annonce !

Que l’on y soit préparé ou non, devenir parents pour la première fois est un saut dans le vide, voir un « doux cataclysme », dirons même certains. Dès l’annonce de la grossesse, c’est l’étourdissement ! Prévue (ou non), Mesdames, vous ne pourrez pas garder ce secret pour vous bien longtemps… Vous êtes enceintes ! Quant à vous Messieurs, vous n’y êtes pas pour rien et la fierté d’avoir atteint la cible mérite que vous fanfaronniez un peu ! :) En somme, vous avez hâte d’annoncer la bonne nouvelle en la hurlant sur tous les toits car votre enfant va venir au monde d’ici neuf mois.

Cela va sans dire, c’est VOUS, en couple, qui décidez comment partager l’annonce de la grossesse. Sachez mesdames que « la salariée enceinte » n’est pas tenue de révéler sa grossesse, ni au moment de l’embauche, ni pendant l’exécution du contrat de travail. En revanche, elle a une obligation d’information en début de son congé maternité.

Dans la pratique, si vous avez débuté une préparation ou un tournage lorsque votre grossesse commence à se voir, il est sans doute plus judicieux d’en parler au plus vite à votre chef et votre employeur. Il y a l’éventualité que votre congé maternité débute pendant votre mission, ou encore la nécessité que votre environnement de travail s’adapte un tant soit peu à votre condition physique.

Si, au contraire, vous n’êtes pas en période d’activité, libre à vous de garder l’information aussi longtemps que vous le souhaitez. Si vous refusez un projet qui ne vous semble pas compatible avec votre état ou qui devrait se dérouler à la période du terme de votre grossesse, vous n’êtes évidemment pas tenue de donner la raison de votre refus. À vous donc, de juger ce qui convient le mieux selon votre situation.

Certaines mamans du groupe ont témoigné d’un accueil très positif de la part de leurs collègues et réseaux pendant cette période. D’autres, au contraire, ont dû faire face à certains à priori, voir, à une forme d’ostracisme, subit à l’annonce de leur grossesse. Une question de « timing » ou de point de vue ? Nous y reviendrons.

Une femme enceinte ne peut faire l’objet d’aucune discrimination liée à sa grossesse. Pendant un entretien d’embauche, le futur employeur ne peut donc poser aucune question concernant une éventuelle grossesse actuelle ou à venir.

En préparation et en tournage.

Mesdames, votre corps va évoluer en même temps que celui de votre futur bébé et pour certaines personnes, employeuses comme salariées, la chose peut être très incommodante. Malheureusement, il est difficile de savoir à l’avance comment vous vivrez physiquement et émotionnellement cette période, a fortiori, s’il s’agit d’une première grossesse. Mais ne dit-on pas que toutes les grossesses sont uniques ?

Voici quelques conseils de bons sens, testés et approuvés par les mamans techniciennes (liste non exhaustive) :

> S’assoir autant que possible et se coucher tôt.
> Veiller à son régime alimentaire. Modérer les boissons caféinées. Pas d’alcool, pas de tabac.
> Porter des bas ou collants de contention au besoin.
> Éviter le transport de charges et le stress inutile…

Dans l’absolu, faites part de vos besoins à vos chefs ! Soyez certaines qu’une fois la grossesse sue (puis visible), vos collaborateurs feront indéniablement preuve de bienveillance envers vous.

Le congé maternité et pour le papa aussi !

On dira ce que l’on veut, en France, nous sommes plutôt bien lotis. Le congé maternité est de trois mois (il peut varier selon certaines conditions) et il est pris en charge par la sécurité sociale. C’est la garantie d’avoir l’ensemble de leurs heures durant une année où elles feront sans doute face une baisse de leur activité.

Première chose à retenir : si vous êtes en période de chômage au moment où doit débuter votre congé, c’est à vous de faire les démarches auprès de la CPAM. Charge à vous de fournir les fiches de paie et déclarations de revenue où figurent vos versements d’ARE (Allocation chômage d’aide au retour à l’emploi, délivrée par France Travail).

Avant toute démarche, nous vous conseillons vivement de contacter la caisse dont vous dépendez pour faire un point sur votre situation et les droits auxquels vous pouvez prétendre. Par la suite, vous pourrez faire l’estimation de votre indemnité journalière maternité sur le simulateur en ligne de L’Assurance Maladie.

Le congé maternité est en fait un cumul de deux périodes prises en charge par la sécurité sociale : le congé prénatal et le congé postnatal, respectivement 6 et 10 semaines dans le cas d’une grossesse simple au sein d’un ménage qui compte moins de deux enfants à charge.

Il s’agit ici des durées minimales légales, mais sachez aussi que vous pouvez prolonger ou écourter votre congé avec l’accord de votre médecin. Cet article paru en août 2017 sur le site Movinmotion vous éclairera sur le sujet (conditions d’obtention, calcul des indemnités, etc).

Quant aux pères, ils peuvent bénéficier de 14 jours en famille. On peut toujours espérer des améliorations mais comparées à bien des pays, c’est déjà la panacée.

Durant ces congés, nous sommes radiés de France Travail et pris en charge par la Sécu.

L’accouchement…

L’une des plus grosses inconnues de cette aventure… Chacun l’appréhende à sa façon, avec son vécu, ses attentes, ses éventuels craintes et fantasmes. Connaissez-vous beaucoup de femmes dont l’accouchement s’est déroulé exactement tel qu’elles l’avaient imaginé ?

Lorsque la grossesse est confirmée par votre gynécologue, une échographie permettra d’évaluer la date du terme (date théorique à laquelle votre enfant verra le jour). Mais vous l’avez compris, c’est de la THÉORIE. Rien de surprenant à ce que bébé se presse deux ou trois semaines avant le rendez-vous ou qu’il arrive avec un peu de retard. C’est comme un plan de travail prévisionnel, « ce n’est pas une science exacte » !

Les papas qui n’ont pas exposé à la face du monde leurs ventres arrondis auront pris soin de préparer la venue de leur petit. Certains favoriseront les projets proches du foyer. D’autres déclineront purement et simplement toutes opportunités à l’approche de la naissance et des premiers mois avec bébé.

En période de tournage, pour les parents, prévenez encore une fois vos équipes à l’avance que vous pouvez être amenés à quitter le plateau à tout moment. Lorsque la grossesse se passe sans encombre, un mois avant le terme théorique semble être un délai raisonnable. Votre équipe sera compréhensive surtout si vous vous êtes organisés en conséquence.

Voici trois différents retours d’expériences de papas ARA sur la manière dont ils ont réussi à anticiper le grand jour :

Le premier est un premier assistant réalisateur d’expérience, habitué aux longs métrages. Durant la grossesse, il a préféré travailler exclusivement dans sa région, sur des projets plus courts : publicités, clips et sur des fictions TV avec un fonctionnement et une équipe déjà établis. Il avait pris soin de préparer ses seconds à une éventuelle passation de relais.

Dans la même logique, un second assistant réalisateur embauché sur un long métrage, alors que sa compagne vivait une grossesse à risque, a tout de suite prévenu ses supérieurs qu’il pouvait être amené à quitter son poste en cas d’urgence. Dès la préparation du tournage, il a anticipé la possibilité de son départ, préparant un maximum de documents en amont, allant même jusqu’à trouver un potentiel remplaçant qu’il tenait informer de l’avancée de son travail. Finalement, il a pu travailler jusqu’au terme du tournage… et de la grossesse !

Notre troisième futur papa, lui aussi premier assistant réalisateur en TV / Pub, a pu prendre rendez-vous avec son fils la veille de son premier jour de tournage ! Rassurez-vous ! Rien d’immoral dans cette affaire. En cas de déclenchement ou de césarienne programmée, lorsqu’il n’y a pas d’urgence vitale, ni pour la mère, ni pour le bébé, le corps médical peut proposer une « fenêtre » d’accouchement permettant au papa, si l’on peut dire, d’adapter son planning.Les premiers mois…

Avant de devenir parents, vous ne connaissez pas le définition du mot fatigue…

Nous l’avons évoqué, dès la naissance, le régime d’intermittent du spectacle peut permettre de rester plus longtemps auprès de son enfant. Néanmoins, lorsque vous reprendrez votre activité, vous n’échapperez pas au choix cornélien du mode de garde de votre chérubin.

Sans surprise, là encore, chacun ses préférences selon son schéma familial, son lieu d’habitation, ses moyens financiers et ses envies. Toutefois, pour bénéficier de la flexibilité qui vous permettra de retourner sereinement au travail, vous devrez sans doute cumuler plusieurs modes de garde et les mettre en place avant votre reprise d’activité. Un petit sondage auprès des membres du collectif ARA nous a amené aux conclusions suivantes :

> Garder bébé soi-même, c’est super au cinéma… Dans la vraie vie, il y a toujours des périodes, surtout en bas âge où il est difficile de travailler depuis la maison avec un bout de chou à surveiller, nourrir, câliner, amuser, sortir, changer, nettoyer, habiller… (sans parler de l’état du logis !).
> Mettre le mode de garde en pause lors de vos périodes d’inactivité pour profiter à 100% de son petit amour ? Unanimement, les parents que nous connaissons, répondent que c’est une fausse bonne idée ! Contrairement aux intermittents que nous sommes, les petits n’aiment pas que leurs rythmes soient trop perturbés. De plus, vous allez avoir besoin de temps pour vous : récupérer entre deux films, développer votre réseau ou de nouveaux projets, faire des piges…

Et puis, n’oubliez pas que les enfants, ça épuise malgré tout. Pour peu que les deux parents soient intermittents ou que l’autre exerce aussi un métier très prenant, vos journées de repos compterons doubles.

La famille en dépannage <3

Si vous avez la chance d’avoir les grands parents à proximité, vous serez ravis de pouvoir compter sur leur flexibilité en cas d’urgence. Parfois, avec un enfant en bas âge, cela reste une « bonne affaire » et la famille profite de bébé au passage.

Les crèches !

Vous connaissez l’histoire de l’ingénieur du son qui termine sa journée de travail, éreinté par des heures supplémentaires et qui doit encore aller récupérer son enfant de 22 mois au commissariat ? Dans certaines crèches à horaires fixes, on ne badine pas avec les retards répétés des parents…

À part ce type d’incident – qui a sans doute comme objectif de responsabiliser – les crèches présentent de nombreux avantages. Outre l’aspect économique qui est leur principal point fort, les parents se félicitent souvent de la sociabilisation qu’elles offrent à leurs enfants et sur certains territoires, des crèches associatives proposent des horaires adaptés à leur activité professionnelle.

Mais attention, chaque ville a ses conditions d’accès et la demande se fait sur dossier. Si l’on est admis, il n’est pas rare d’attendre plusieurs mois, voir un an pour avoir une place (en région parisienne notamment). N’hésitez donc pas à anticiper dès la grossesse. D’autres parents éviteront, quitte à payer plus cher, afin d’éviter l’exposition de leur bambin aux miasmes des autres enfants.

Le doux nom des « nounous » et assistantes maternelles…

Elle offrent des horaires plus flexibles, les « petits mickeys » et autres régurgitations de lait ne leur font pas peur et elles gardent vos enfants malgré une petite fièvre !! À moins (évidemment) que votre progéniture ne soit vraiment bien malade, vous n’aurez pas à quitter la face pour courir la chercher en cours de journée. D’ailleurs, elle nourrira un lien privilégié avec sa gardienne.

Bien entendu, tout cela a un coût sonnant et trébuchant (rendez-vous sur le site www.pajemploi.urssaf.fr pour en savoir plus sur les tarifs et déductions fiscales), mais une nounou (qui garde à votre domicile contrairement à l’assistante maternelle qui garde les enfants chez elle, jusqu’à 4 à 5 bambins) peut être un vrai confort pour toute la famille, surtout si vous avez des horaires de régisseur. Les heures supplémentaires restent raisonnables et vous pouvez partager les frais avec une autre famille…

Reste que si votre assistante maternelle ou « nounou » est malade, il faut trouver une solution de repli. Bon, souvent elles/ils vous proposeront des collègues. Concernant la gestion du contrat, vous n’aurez pas de mal à trouver des modèles en ligne. Veillez à un maximum de clarté et de précisions sur les horaires, les heures supplémentaires, la gestion des jours fériés, etc ! Vous pouvez demander également à ce que votre nounou veille à la propreté environnant bébé, du ménage en somme.

Une nouvelle façon d’appréhender vos habitudes de travail !

Vous comptez évidemment sur votre moitié car vous vous êtes organisés en amont pour ne pas avoir des horaires de dingue au même moment afin de pouvoir déposer / récupérer bébé chaque jour. Une véritable organisation !

Une fois les systèmes de garde mis en place, n’hésitez pas à rappeler à vos collègues et producteurs que l’on ne peut/veut pas être disponible H24, 7/7 365j/an, mais qu’en bon professionnel, on cherchera toujours des solutions.

Certes, vous ne courez sans doute plus les quatre coins du monde pour vous rendre sur un tournage dans un pays exotique (le faisiez-vous déjà ?), vous éviterez peut-être les tournages trop longs surtout si votre conjoint exerce également un travail prenant ou si vous élevez seul votre enfant. Mais vous allez certainement mûrir, prendre du recul par rapport au travail, relativiser les « petits drames » de nos métiers.

De toute façon, au même titre que 99% de la population, vous avez besoin de travailler. Alors à moins d’être à un moment de votre carrière où votre téléphone ne cesse de sonner, vous allez sans doute devoir choisir des missions qui vous éloigneront, peut-être, de temps à autre de votre famille. À vous de trouver le bon équilibre, qui variera sans doute selon l’âge de votre enfant et l’évolution de votre carrière.

C’est sans doute le bon moment pour devenir plus exigeant(e) dans le choix de vos projets.

Bien que de nombreux parents ne s’accordent plus de pause déjeuner pour gagner du temps sur la journée de travail et ne pas rater la sortie de crèche, il y a parmi nous un papa qui prévient ses équipes : « En préparation, les réunions stoppent à 17h30, j’ai mon fils à récupérer à la crèche ! ». Vous pourriez aussi développer certaines de vos compétences : organisation, gestion du stress, meilleur communication et à terme, voir votre carrière prendre une direction qui vous ressemble d’avantage.

Un dernier papa, aussi premier assistant réalisateur, n’hésite pas au contraire à mettre en avant les qualités de maman de sa seconde assistante habituelle auprès de ses employeurs successifs : bienveillance, organisation, gestion du stress…

Avec un métier aussi versatile, dans des lieux de travail toujours différents, face aux rapports humains toujours intenses, votre enfant pourrait bien devenir le centre de gravité qui vous a fait défaut jusqu’à alors.

La reprise !

Nombreuses sont les mamans qui ont du mal à reconnecter professionnellement à la fin de leurs congés. C’est un fait, sans nouvelle de vous pendant des mois et dans un milieu persistant (un monde qui avance vite et sans vous), on vous oublie.

Passés les à prioris des uns et des autres sur vos capacités à travailler pendant ou après la grossesse, sans compter la remise en forme de votre corps et de votre esprit, il est évident que vous avez besoin d’une bonne dose de confiance en vous et d’énergie pour vous y remettre. Anticipez en relançant votre réseau avec autant de douceur que d’efficacité : un coup de fil pour un café, un email pour un apéro, une projection pour un soir, les réseaux sociaux… Oui, vous êtes de retour !

Le point de vue de l’autre ?

Parce que nous sommes ou allons devenir parents, chers collaborateurs, n’en déduisez pas pour autant que nous sommes inaptes à travailler ! Encore une fois, chaque famille est unique et chaque couple à sa propre organisation. Ils décident de leurs équilibres de travail en tenant compte du cahier des charges qu’on leur expose.

Vous craignez un imprévu ? Faites confiance à votre interlocuteur. Une bonne communication entre les parties facilitera la bonne prise de décisions pour le bien du projet. On travaille tellement plus sereinement lorsque nos obligations familiales sont prises en compte !

Certaines femmes sont en mesure de travailler jusqu’au début du congé maternité (vers 7/8 mois de grossesse).

Une jeune maman et un jeune papa gagnent aussi en expérience de vie grâce à l’heureux événement : adaptabilité, priorisation des imprévus, maîtrise de soi, bienveillance… sont autant de qualités que vous trouverez en nous.

Évidemment, la réalité est parfois plus complexe. Que ce soit pour des raisons médicales ou personnelles… Cependant, il est inacceptable que les employeurs et collègues soient à même de décider à notre place sur la base d’une simple perception, des « on-dit » ou encore d’un cas précédent délicat…

La parentalité ne doit pas être un tabou ou un secret de polichinelle ! Ensemble, soyons les instigateurs d’un mode de production « family friendly » ! À l’écoute des uns et des autres.

N’hésitez pas à poursuivre la discussion et à partager votre expérience dans les commentaires.

Un article coordonné par Perle Tharinger et réalisé par des mamans & des papas heureux.


Pour aller plus loin :

La réglementation évoluant, nous vous invitons à consulter les différentes sources d’informations ci-après :

Crédit images : The Boss Baby: Back in Business | DreamWorks

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